Un peu d'histoire

Après la Seconde Guerre mondiale, le sigle SS fut évité un peu partout. La SS Car Company, basée à Coventry, ville anglaise martyre, choisit donc une nouvelle raison sociale, qui lui avait déjà servi à désigner une série de véhicules sortis en 1935. D’ailleurs les Jaguar d’après-guerre ne portaient pas seulement le nom des modèles de 1935, elles leur étaient identiques. Ces « nouvelles » Jaguar existaient en trois versions, en quatre-cylindres de 1,8 litre et en six-cylindres de 2,7 et 3,5 litres, à moteurs culbutés. Elégantes et bien finies pour un prix raisonnable, elles avaient toujours eu du succès.

La présentation en 1948 au Salon de Londres de la XK120, une voiture de sport dont le moteur avait été développé par William Heynes en collaboration avec Wally Hassan et Claude Baily causa un choc. C’était une mécanique fabuleuse de 3,4 litres et à 2 ACT. En 1948 également parut la MK V, une berline 6 cylindres à soupapes en tête, avec des suspensions avant à roues indépendantes, des freins hydrauliques et des phares intégrés aux ailes. Il fallut attendre 1951 pour que le moteur de la XK soit monté sur la berline pour laquelle il avait été créé, la MK VII, puis en 1957 il équipa la MK VIll et en 1959 la MK IX.

En 1951 fut présenté le Type C, sur un châssis mixte avec des tubes et des profilés. Le moteur de cette voiture conçue principalement pour la compétition et construite en nombre limité était toujours le XK 120, dont la puissance était passée à 200 ch, alors qu’elle n’était que de 160 ch sur la version standard. Ce Type C gagna les 24 Heures du Mans en 1951 et 1953 : il fut d’autre part la première Jaguar à être pourvue de freins à disque, ceux-ci devenant la règle sur le Type D de compétition de 1954.

En 1955, un Type D d’usine remporta l’épreuve disputée sur
le circuit de la Sarthe. En 1956 et 1957 l’exploit fut renouvelé mais la voiture courait alors non pour l’usine mais pour l’écurie Écosse. Sur la base de ce Type D de compétition, Jaguar développa un type sport/GT, baptisé XKSS et destiné en premier lieu  au marché américain. Le moteur en était toujours le superbe XK 3,8 litres. Ce nouveau modèle semblait destiné à une carrière prestigieuse, quand un incendie particulièrement dévastateur remit tout en question en obligeant à interrompre la production en février 1957.
En raison des pertes subies, Jaguar décida de renoncer à toute participation directe en course.

Mais la tradition de la maison, à savoir l’application sur les berlines de tous les enseignements tirés de la compétition, avait été respectée, atteignant même un sommet avec la présentation du modèle 3,8 litres en 1956. À partir de 1960 les MK2, outre les versions 2.4 et 3,4 litres, furent aussi proposées dans une version 3,8 litres.

Malgré le rachat de Daimler (1960), de Guy Motors (1961) et de Coventry Climax Motors (1963); en dépit également de la fusion avec la British Motor Corporation au milieu des années 1960, l’aspect des Jaguar ne changea pas. La société continua à être dirigée par Sir William Lyons, patriarche de l’entreprise, qui resta son éminence grise durant les dix ans qui séparèrent sa retraite puis son décès, au début
des années 1980.

Avec la présentation du Type E en 1962, un dérivé du Type D, Jaguar se prépara un de ses plus grands succès. En 1965, cette voiture ainsi que la MKX furent équipées d’une version 4,2 litres du vieux moteur XK. Cette nouvelle augmentation de cylindrée faisait toutefois atteindre les limites du moteur; comme cela était prévisible, le régime maximum resta en-dessousde ce qu’il était sur les cylindrées inférieures. En 1971, en plus du 4,2 litres de la berline, fut introduit un V12 de 5 343 cm3, qui remplaça en 1974 le six-cylindres du Type E.

Entre-temps avait été lancée la XJ, une superbe berline 4 portes utilisant un moteur de 2,8 ou 4,2 litres qui était aussi un dérivé du vieux six-cylindres à 2 arbres à cames. Étant donné ses qualités, il n’est pas étonnant que la XJ ait été élue voiture de l’année 1969, comme le fut en 1971 la XJ12, pourvue d’un V12 de 5,3 litres. La XJS, également avec le moteur V12 de 5.3 litres remplaça le Type E.

En 1979, lorsque l’injection s’appliqua aussi aux six-cylindres, Jaguar fit un énorme progrès. En effet, au cours des ans, en raison de règlements anti-pollution toujours plus contraignants, la puissance du moteur de 4.2 litres était tombée au niveau de 1969.

Au milieu des années 1980, Jaguar a commencé à mettre en service son nouveau six-cylindres AJ6, tout d’abord dans le cabriolet XJS. En 1984, l’entreprise prouva une nouvelle fois sa force, en redevenant indépendante, mais la nouvelle XJ40, destinée à remplacer la XJ6 et la XJ12, dut être lancée un peu plus tard que prévu.

Jaguar